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Ils évoquaient leur volonté d’empoisonner de la nourriture halal, de prendre d’assaut une mosquée ou de faire exploser une couscoussière… Une juge antiterroriste a ordonné le 21 août un procès pour treize hommes et trois femmes du groupe clandestin Action des forces opérationnelles (AFO), soupçonnés de projets terroristes contre les musulmans, a appris l’Agence France-Presse (AFP), mercredi 28 août.
Dans l’ordonnance dont l’AFP a eu connaissance, la magistrate décrit le groupe « Action des forces opérationnelles » comme une « organisation hiérarchisée et structurée » planifiant des « actions violentes concrètes dans des lieux symboliques ».
Suivant les réquisitions du Parquet national antiterroriste (PNAT) de mai 2023, la juge d’instruction a correctionnalisé les faits, initialement considérés comme criminels, ce qui fait encourir une peine moins longue aux 16 prévenus. « En dépit de la gravité des projets proposés », le PNAT avait expliqué à l’AFP avoir appliqué sa « politique pénale habituelle (…) lorsque les projets d’action violente ne sont pas pleinement finalisés ».
Ces seize personnes affiliées à AFO sont principalement soupçonnées d’association de malfaiteurs terroriste et de recherches d’armes, avec des implications diverses, pour des projets allégués qui dateraient de 2017 à 2018. Parmi les nombreuses cibles évoquées dans des projets parfois à peine déclaratifs : « Tuer 200 imams radicalisés », viser le rappeur Médine ou le prédicateur Tariq Ramadan, jeter des grenades dans « les voitures des arabes » ou encore « faire exploser une couscoussière à distance ».
La juge endosse dans son ordonnance l’analyse du PNAT rapprochant AFO d’une « idéologie alimentée par l’assimilation du terrorisme djihadiste à l’islam en général, la crainte du grand remplacement, et une vision décliniste de la société française à laquelle répondait le survivalisme déviant vers l’accélérationnisme ».
L’ordonnance cite un document dans lequel la cellule francilienne d’AFO, particulièrement active, projette de faire « exploser » la porte d’une mosquée de Clichy-la-Garenne (Hauts-de-Seine) et de positionner des « tireurs à longue distance ». A également été évoquée la possibilité de dissimuler les femmes du groupe sous des niqabs pour empoisonner de la nourriture halal de supermarché avec un composant de la mort-aux-rats.
Nombre des mis en cause, nés entre 1949 et 1986, ont un passé militaire ou ont décrit un attrait pour l’armée. Au gré des professions actuelles ou passées déclinées par ces personnes, on retrouve un antiquaire, un téléopérateur de nuit auprès des taxis G7, un consultant en ressources humaines, un restaurateur, un artisan, une comptable, un chômeur ou un enseignant en lycée…
Les membres les plus radicaux d’AFO agissaient sous pseudo : « Phoenix », « Attila », « Flamme » ou encore « Richelieu » pour le chef présumé du groupe, Guy S., 69 ans, retraité de la police nationale. Des armes à feu et des milliers de munitions avaient été trouvées lors de perquisitions, y compris des éléments entrant dans la fabrication d’explosif de type TATP.
« Aucun élément ne le rattache à un quelconque projet terroriste. Guy S. se désolidarise fermement de toute forme de dérives – si elles étaient avérées – dont pourraient être responsables d’autres membres de l’association », a réagi son avocate, Me Lucile Collot. Contactée, Me Margaux Durand-Poincloux, qui défend un homme qui était diplomate à l’ambassade de France au Salvador, n’a pas souhaité s’exprimer.
Le PNAT rappelait que les mis en cause avaient « largement contesté avoir eu personnellement l’intention de mener des actions violentes ». Ils ont décrit AFO comme un club de « formation au survivalisme, au plus comme une structure patriotique destinée à venir au soutien des forces de l’ordre en cas de délitement de la société ».
Plusieurs personnes affiliées à des groupes d’ultradroite ont été condamnées ces dernières années. Six membres de l’Organisation des armées sociales, dont sa principale figure, Logan Nisin, ont été condamnés à la fin de 2021 à des peines d’emprisonnement.
En octobre doit se tenir le procès en appel des Barjols, dont trois membres avaient été condamnés en février 2023 pour avoir préparé des actions violentes notamment contre le chef de l’Etat et des migrants. Enfin, quatre hommes appartenant à la mouvance néonazie ont été condamnés à Paris en juin 2023 à des peines allant de un à dix-huit ans de prison ferme.
Le Monde avec AFP
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